06 oct 2020

Télémédecine et e-santé : vers une digitalisation des soins ?

Depuis plusieurs mois, les technologies de la santé validées par le Gouvernement fédéral belge prenaient place dans la relation entre les médecins et leurs patients. La crise du coronavirus, et surtout le confinement, ont accéléré le processus sans doute de manière irréversible.

 

L’e-santé, une (r)évolution en marche

Fin 2019, l’accord annuel entre les mutualités et les médecins prévoyait le financement de projets pilotes en expertise médicale à distance ou télé-expertise. C’est-à-dire : des projets permettant à des professionnels de santé de donner à distance leur avis d’experts sur le dossier médical d’un patient. Parmi ceux-ci, un projet favorisant le rapprochement du médecin généraliste et du dermatologue afin de mieux lutter contre le mélanome, un cancer de la peau.

Dans le même esprit d’expérimentation, l’accord médico-mutualiste prévoyait aussi de soutenir le principe de la consultation à distance ou téléconsultation. Plus particulièrement, pour assurer le suivi de patients en ophtalmologie et en oncologie.

Ça passe à la télé ?

Pourquoi parle-t-on de télémédecine, de télé-expertise ou de téléconsultation ? Le préfixe télé- vient du grec ancien signifiant « de loin », « à distance ». Dans un téléphone, on se parle de loin, à distance. Devant la télévision, on regarde des images transmises à distance. Pour parler des pratiques médicales facilitées par les communications à distance, on parle donc de télémédecine, de télé-expertise, de téléconsultation.

 

La télémédecine en temps de Covid et après

La téléconsultation a connu un coup d’accélérateur majeur au mois de mars 2020 avec le confinement dû à la pandémie de coronavirus. Il a fallu agir rapidement pour assurer la continuité des soins et garantir une prise en charge de qualité. Le recours à la télémédecine clinique a été précieux dans bien des cas.

À titre d’exemple, le centre hospitalier Epicura ou le CHU Ambroise Paré à Mons ont rapidement mis en place des procédures de téléconsultation. En cardiologie, en dentisterie, en stomatologie, en neurologie, mais aussi pour réaliser à distance des consultations de sages-femmes (prénatal, postnatal, lactation, séance yoga).

Dans un autre domaine, la clinique du sommeil du Chirec à Charleroi a démultiplié les consultations à distance. Si bon nombre de personnes étaient déjà suivies avant la crise pour troubles du sommeil, le confinement, le télétravail et la mise au chômage économique ont provoqué de nouvelles situations de stress. 

Les observateurs attirent toutefois l’attention : cette situation d’urgence ne doit pas nous faire oublier la nécessité d’encadrer et de structurer la pratique sur le plan juridique, financier et éthique. Car l’e-santé n’est pas qu’une affaire de technologie. Elle reste avant tout une question de santé. La téléconsultation et la télé-expertise doivent rester des outils d’aide à la prise en charge et non une finalité ou une solution de substitution. Les outils technologiques sont importants, mais c’est la coopération entre les différents acteurs de santé et le respect des bonnes pratiques qui sont le nerf de la guerre.

 

L’e-santé et l’Internet des objets

La télémédecine concerne l’usage des technologies de l’information et de la communication en matière de soins de santé. Elle concerne donc ce qu’on appelle des dispositifs médicaux communicants. Mais le concept d’e-santé inclut aussi, plus largement, le recours aux technologies à distance en matière de bien-être. Et dans ce domaine, la prolifération et l’usage des objets connectés à usage personnel qualifiés de "santé" soulèvent de nombreuses questions.

Quelle place, quel crédit leur donner ? Ces objets vont-ils modifier la mission des professionnels de la santé ? Quels sont leurs risques, leurs avantages ? Un usage pertinent et raisonné est-il possible pour un réel service rendu aux patients ?

Ce qui est sûr, c’est qu’ils suscitent l’intérêt et qu’ils impactent déjà le rapport que nous entretenons avec notre santé. Le baromètre e-santé de Partenamut le montrait déjà en juillet 2019 : plus d'un Belge sur 4 utilise un objet connecté pour mesurer sa santé, et particulièrement les 18-34 ans (44%). Cette étude montre qu’aujourd’hui 28% des Belges utilisent une application mobile qualifiée de "santé". Que ce soit pour mesurer son activité physique, son sommeil, son poids, sa tension artérielle ou son alimentation.

 

Ne pas confondre…

Face à la profusion d’outils, de concepts et de dénominations, un point terminologique s’impose !

Quand on parle d’"e-santé" ou de "santé connectée", ces termes génériques recouvrent l’usage des technologies de l’information et de la télécommunication aussi bien dans le champ de la médecine clinique que dans le champ du bien-être. Cela peut donner lieu à une certaine confusion.

Par contre, quand on parle de télémédecine, on parle exclusivement des dispositifs médicaux communicants (DMC) auxquels l’on recourt en médecine clinique. Donc, pas des objets connectés "santé" à usage personnel.

La télémédecine clinique est définie comme la pratique de la médecine à distance grâce à des technologies de l’information. Celle-ci est réglementée par la loi. Les pratiques de la télémédecine encadrent notamment comme actes médicaux :

  • La téléconsultation : la consultation à distance entre un patient et un professionnel de santé.
  • La télé-expertise : lorsqu’au moins deux professionnels de santé donnent à distance leur avis d’experts sur le dossier médical d’un patient.
  • La télésurveillance médicale : lorsqu’un patient ayant une maladie chronique est suivi à son domicile par des indicateurs cliniques et/ou biologiques choisis par un professionnel de santé.

Source : T. Moulin, P. Simon, « E-santé – Objets connectés et télémédecine » in Correspondances en Onco-Hématologie - Vol. XI - n° 2 - mars-avril 2016

 

La médecine 5P au cœur de la transformation numérique

Personnalisée, Préventive, Prédictive, Participative, Prouvée. La télémédecine pourrait bien faciliter cette santé 5P de demain. L’objectif principal est d’encourager la prise de conscience et la participation du patient. Les dispositifs médicaux communicants aident, par exemple, le suivi de certaines maladies chroniques. Le patient peut recevoir à distance des conseils de son médecin ou des alertes automatiques.

En matière de prévention, la télémédecine a également un rôle majeur à jouer. En accédant facilement et rapidement aux données de son patient, le médecin est mieux informé. En cas de besoin, il peut ajuster un traitement ou orienter le patient vers un autre professionnel.

Ce ne sont là que des exemples. Toutes ces transformations chamboulent la relation du patient avec son médecin ou avec son hôpital. À ce titre, la dernière étude Health ProspectING laisse entrevoir des effets bénéfiques sur l’ensemble du système de soins en Belgique :

«  Cela devrait permettre de proposer des solutions innovantes de santé à moindre coût et à un plus grand nombre de personnes avec par exemple l’immunothérapie (diminution de l’utilisation de chimiothérapie et de radiothérapie), l’hôpital hors des murs (diminution du nombre de lits), la réalité augmentée (diminution du nombre de chirurgiens, de la douleur)… » 

 

Les applications de dispositifs médicaux validées

Pour les autorités sanitaires, les nouveaux dispositifs d’e-santé ne peuvent être efficaces sur le terrain que si les outils sont validés. Dans ce contexte, est née la plateforme mHealthBELGIUM. Elle répertorie les applications mobiles portant le marquage CE pour les dispositifs médicaux. Un gage de qualité et de validité pour les médecins et le grand public.

Voici quelques applications qui ont été validées: Heraeus Care, PACSonWEB. Noona (oncologie), SkinVision (dépistage des mélanomes), Well@Home (suivi des patients à domicile), mais aussi Airview, moveUp et RemeCare.

Une pyramide de validation a été mise en place permettant de placer mHealth dans le modèle de soins belge. Le niveau supérieur est réservé aux applications montrant une plus-value socio-économique et qui sont financées par l’INAMI, après un avis positif de leur demande de remboursement.

Pour prendre un exemple : l’application FibriCheck,  destinée aux patients cardiaques. Elle est basée sur la lumière qui mesure le débit sanguin et évalue le rythme cardiaque à partir du poignet. Elle permet de diagnostiquer les troubles tels que la fibrillation auriculaire. Ou encore l’application moveUp : qui permet aux médecins, chirurgiens, kinés et patients d’interagir pour accélérer la revalidation post-opératoire du genou et de la hanche.

Découvrez l’ensemble des applications validées sur mhealthbelgium.be. Et sur votre smartphone ou votre tablette, vous pouvez aussi installer la DKV APP : elle facilite l’envoi de vos frais médicaux.